sanglots du soir (partie 2)

Je ne sais pas si ce titre vous rapelle quelque chose.

Laissez moi vous raconter l'histoire...

Moi, cela me ramène au 11 Mars 2013 où j'écrivais un message un peu particulier sur mon blog. Si vous voulez comprendre mon état d'esprit de ce soir, je vous invite à le (re)lire avant de continuer.

Ce soir là je vous racontais une triste période que traversait une collègue proche. La maladie ayant touché son fils agé de 7 ans (le jour de son anniversaire...).

Depuis il s'est passé tant de choses !

Il y a quelques semaines, une lectrice de ce blog m'a d'ailleurs demandé des nouvelles. Je voulais écrire un mot, puis j'ai laissé passer le temps. Vous savez comment c'est : on est plein de bonne volonté, motivé, puis...pchhhhhhittttt.....tout se dégonfle en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. On est raplapla, fatigué, on a tendance à procrastiner à fond... bref, au final rien n'est fait. Je n'ai jamais pris le temps de venir écrire un petit mot.

Ce soir, je me suis dit qu'il était temps. Que finalement je le faisais aussi pour moi, car cela me permettais de laisser une trace quelque part, de venir relire par la suite tout cela.

Depuis mars, que de nouvelles ! Des bonnes, et des moins bonnes. Une alternance de sourires empreints de soleil, et de yeux gonflés de larmes de tempête.

Son fils a eu plusieurs séances de chimio. C'était dur. Les "après" étaient durs à vivre. Douleurs, saignements des gencives, dégout de la nourriture etc... Puis un jour la décision a été prise de lui faire une greffe de moelle osseuse. Cette décision s'est accompagnée du fait que ma collègue apprenait que son fils allait être stérile de par tout cela. Que cela serait inévitable. Quelle douleur supplémentaire dans son coeur de maman !... mais il faut continuer, et avancer. Il a fallu alors trouver le donneur. Quelle galère ! Mais dans leur malheur, un donneur a été trouvé. Pas compatible à 100% mais à 70% je crois. Yes, une petite victoire qui fait du bien !

La greffe. Tout se passe bien. On attend de voir comment tout se passe.
 L'espoir revient !

Puis infection. Le petit bonhomme ne va pas bien. La greffe n'a pas bien marché. Il va falloir tout recommencer ! Bon sang, quelle mer** !

Alors de nouveau des séances de chimio il y a quelques semaines de cela. C'est reparti à zéro. Mais avec ce premier échec, les chances de succès sont maintenant divisées par deux ;(

Les séances se passent pas trop mal, on croise les doigts. Puis ma collègue remarque des marques sur le corps de son fils. Des taches. Les médecins ont du mal à trouver ce que c'est. A quoi c'est dû. Merdoum. Franchement il n'avait pas besoin de cela. On a les boules pour elle, pour lui. On sent la tension monter. Puis les taches disparaissent. OUF ! Une biopsie doit être faite malgré tout. C'est alors l'heure des vacances. Pour moi, par pour elle malheureusement. Son fiston est en chambre stérile depuis 2 mois maintenant. Il tourne en rond dans 9m².

C'est alors avec ce sentiment étrange teinté de bonheur et de tristesse que je pars en vacances. Je la serre fort dans mes bras ce jeudi soir où je quitte le bureau. Nous ne sommes plus que toutes les deux à notre étage. On sent l'émotion. Nos yeux brillent. Je lui souhaite bon courage. Elle me dit de bien en profiter pour elle...

...

Les vacances : je me retiens de lui écrire. C'est décidé, "non, je ne vais pas l'embêter avec mes SMS !". Mais je n'arrive pas à me débarrasser d'un mauvais pressentiment. Je ne sais pas. Ca trotte dans ma tête. Purée, parfois on cogite trop, même quand on aimerait pas ! Et puis un mail d'un collègue, son chef, me donne de bonnes nouvelles. Ca va bien, son fils va entrer en greffe début septembre !

Je suis soulagée, comme quoi mon 6ème sens féminin ne marche pas !!! Allez zou, des bonnes nouvelles...je prends !

Je reviens alors au boulot. Je suis super positive ! Je vais la voir et lui demande alors, plutôt enjouée, comment elle va, quelles sont les nouvelles pour son fiston ! 

...

Et là, rien ne va. En une semaine tout a changé. Il a une infection pulmonaire qui ne part pas, car il est encore en aplasie (absence entre autre de globules blanc en préparation de la greffe...) et son corps ne chasse pas la maladie. Ils doivent attendre.

Mardi, elle a le visage fermé, elle attend des nouvelles qui tardent. Elle s'énerve car le médecin veut leur parler, mais pas au téléphone. En face à face. Elle a peur du message qu'il vont lui transmettre. Et hier matin, je ne la vois pas arriver. Il est 10h, elle n'est toujours pas là. Je commence à envisager le pire. Ce qui se confirme dans la journée quand elle appelle en pleurs, son chef. Je reçois un peu plus tard un SMS de sa part.

>>> Elle ne va pas bien. Elle ne reviendra pas de suite. Elle a besoin de se faire aider. Elle est au fond du gouffre. On vient de lui dire que si on ne fait rien, son fils va mourrir. Si il entre en greffe, alors il faut tester un nouveau protocole, il n'existe rien d'autre, les chances de succès sont faibles, et la fin de vie peut être très "désagréable". S'agit t'il vraiment d'un choix ????? What's the fuck ! Comme elle le dit si bien (elle est américaine, vivant en France depuis 12 ans, mariée à un français etc...). Son fils se meurt, et elle est impuissante; Il faut accuser le coup.

Voilà les nouvelles. Elles ne sont pas bonnes comme vous pouvez le lire.

J'ai accusé le coup hier. Je suis allée me resaisir dans les toilettes, entre deux réunions, pour essayer de ne rien montrer au client que j'accueillais pour une séance de 3 jours de travail. Purée, que c'est dur.

Je ne peux m'empêcher de me projeter. Elle est une maman, son fils a 7 ans, son coeur souffre. Elle ne sais pas si son fils aura un jour 8 ans. Alors hier soir en rentrant du restau avec les clients, j'ai craqué dans ma voiture. J'ai pleuré sans retenue, enfin. Ca m'a fait du bien. J'en avais gros sur le coeur. Ca ne change rien pour elle, je sais bien, mais l'empathie l'emporte. C'est comme ça. Je voudrais l'aider, la soutenir. Voir même guérir son fils... soyons fou ! Et si c'était possible ? tout comme la dernière fois, j'aimerais avoir une baguette magique. Depuis mars, je n'en ai toujours pas. Je ne dois pas être très douée ;(

...

Hier soir, avant d'aller me coucher, qu'ai-je fait ?

Je suis allée ouvrir doucement la porte des chambres de mes enfants.

Je les ai regardé dormir.

Puis je les ai embrassés. Les uns après les autres. J'ai caressé leur peau si douce.

***

Car finalement, il n'y a pas d'heure pour aimer et profiter des siens.

 

Comments

[CStef.]

:-(

[Véronique]

Que la vie est cruelle surtout quand elle s'acharne sur des petits. Mon aînée a le même age et on ne peut s'empêcher de se projeter et se demander comment on peut survivre à ça. Ça permet effectivement de relativiser les petits problèmes du quotidien. Bon courage à cette maman et toutes les pensées accompagnent ce petit garçon qui se bat tant. Garde espoir !

[Peggy]

Je n'avais pas vu ton post du mois de mars... Du coup je viens de lire les 2 posts dans la foulée, j'ai versé ma petite larme, quelle merde...

J'ai vu un gamin à peu près du même âge, il avait l'age d'une de mes soeurs à l'époque, disparaitre de la même saloperie, il a "trainé" presque 2 ans, il revenait à l'école, chauve et repartait ensuite plusieurs semaines, pour un jour finalement ne plus jamais revenir, quelle tristesse. C'était il y a une vingtaine d'année, mais j'y pense encore souvent.

Mais j'ai aussi vu le fils d'amis à mes parents, vaincre cette maladie, et comble de l'ironie, il vient d'avoir un bébé !! Alors que les multiples séances de chimie étaient censées l'avoir rendu stérile. Un bébé miracle ;-)

Bref quand j'entend tout ça je me dis qu'effectivement nos petits tracas sont anodins, et je me félicite de m'être inscrite sur la liste des donneurs de moelle, je ne serais peut être jamais appelée, mais si je le suis et que je peux sauver quelqu'un ben purée, qu'est ce que je me sentirais bien !!!!

Bisous ma belle et tiens nous au courant, même si j'ai bien l'impression que les choses ne se présentent pas bien :-(

[isabelle83]

je ne peux m'empecher de me projeter dans cette histoire, mais comme toutes les mamans je pense. Ecrire ses joies et ses peines permet de les alléger.... un peu.

toutes mes plus tendres pensées vers toi et ta collègue - dans l'impossible il faut espérer.

[jeanine]

Emouvant, dur dur !!!!!!! Courage à toi pour entourer ta collègue et courage à cette mère & son fils ! On pense bien à toi ! Merci de partager celà avec nous ! Bizzzzzzzzz ! A +